30.12.2020 de Stéphanie Zbinden
En adoptant le postulat Chevalley en 2019, le Conseil national a confié au Conseil fédéral le mandat d’élaborer un plan d’action contre le gaspillage alimentaire. Ce dernier consiste principalement en des mesures existantes, à généraliser. Quelle est la situation actuelle dans les communes romandes? Entretien avec Stéphanie Zbinden, chargée de l’enquête pour Forum Déchets, en collaboration avec la campagne «SAVE FOOD, FIGHT WASTE.». Cet article est extrait du bulletin Forum Déchets 124 de septembre 2020.
Cheffe de projet
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Stéphanie Zbinden: Les représentants cantonaux de la campagne Save Food ont été mes premiers interlocuteurs pour avoir une vue d’ensemble, car si les actions existent, elles ne sont pas faciles à mettre en évidence. Dans les communes qui ont un poste consacré à l’environnement, au sens large du terme, les informations sont mieux centralisées, bien entendu. Dans les plus petites communes en particulier, une action entreprise – par exemple dans la cantine d’un établissement scolaire – ne sera pas forcément connue de la personne de contact au bureau communal. La sensibilisation sur le « manger local de saison et, si possible, régulièrement végétarien » ou sur les filières d’élimination est bien répandue, au contraire de la sensibilisation au gaspillage alimentaire. A noter que certaines actions d’envergure, comme celles développées par la Ville de Lausanne et planifiées pour le printemps, ont été repoussées à l’automne 2020 en raison de la situation sanitaire. Un bilan au printemps 2021 apportera certainement son lot de nouveautés dans les actions des communes en Suisse romande.
En plus des mesures prises dans de nombreuses cantines scolaires, j’ai découvert des actions avec des partenariats publics-privés très variées. Par exemple, la fondation Table suisse, qui redistribue les invendus du commerce de détail (voir le dossier), la campagne Responsables.ch, qui met un stand à disposition des communes afin de sensibiliser la population du canton de Vaud, ou l’association Ecoparc, qui développe des projets ciblés sur l’Arc jurassien. J’ai aussi appris l’existence d’actions qui créent le contact entre distributeurs et consommateurs, comme le panier de fruits non calibrés (Ugly fruits), la cueillette de fruits chez l’habitant par des migrants (Smoothie nomade) à Epalinges, le partage de la récolte entre propriétaire et cueilleurs à Yverdon-les-Bains (SOS Fruits), ou encore la préparation de confitures à Fribourg avec des fruits invendus (Frütile).
Certains prestataires (comme Eldora pour les cantines scolaires) s’engagent déjà à informer la jeune génération. Ils proposent des campagnes de sensibilisation sur le gaspillage (les restes alimentaires sont pesés, les quantités comparées et évaluées dans le temps). La commune de Carouge s’investit contre le gaspillage alimentaire par la mise à disposition gratuite de salles pour des ateliers (par exemple en collaboration avec l’association Zero Waste), la diffusion d’informations via son site web et la campagne Carouge Zéro Déchet.
Et la Ville de Sierre s’est engagée dans l’organisation du défi weact.ch (voir le dossier de Forum Déchets ici). Par contre, le frigo collectif des étudiants de la HES-SO Valais n'a pas trouvé son public, malgré un démarrage encourageant.
La Suisse ayant approuvé l’Agenda 2030 du développement durable des Nations Unies, elle veut réduire de 50 % les pertes alimentaires par habitant d’ici dix ans. Les communes doivent montrer l’exemple. Bien sûr, elles font en fonction de leur taille et de leurs moyens. Elles peuvent également s’appuyer sur des actions entreprises par des privés ou des associations, ou jouer un rôle de facilitateur en communiquant auprès de leur population. Je peux comprendre certaines réticences, car il ne faut pas sous-estimer les contraintes légales de certains projets (en particulier le respect des dates limite de denrées très périssables), ni la responsabilité de la grande distribution pour une consommation locale et raisonnée. Cependant, agir contre le gaspillage à tous les niveaux est primordial. Voilà pourquoi la plupart des cantons ont répondu favorablement à la campagne Savefood.ch. Leurs représentants sont de bon conseil, de même que les interlocuteurs habituels en lien avec la gestion des déchets, qui ont le mandat – comme les communes – d’en réduire la quantité.
Stéphanie Zbinden, cheffe de projet, lebird.ch
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